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Echec du règlement sur l’usage des pesticides et sabotage de la droite : quelques explications

Je vote pour une Europe sans pesticides.

Hier, le 22 novembre 2023, le rapport sur l’usage durable des pesticides, porté par la rapportrice Verts/ALE, Sarah Wiener, a été enterré alors que le vote en commission ENVI du 24 octobre dernier s’était bien déroulé. Je vous explique pourquoi.

Ce rapport, très mal nommé, aurait été l’opportunité de réduire de 50% l’usage des pesticides dans toute l’Union européenne et de 65% pour les pesticides classés comme les plus dangereux. Tout cela, d’ici 2030.

L’alliance des partis d’extrême droite et de droite, d’ID (où siège le RN) à Renew (où siège LREM-Renaissance), a coulé ce texte et les espoirs des changements agricoles qui l’accompagnaient à coups d’amendements destructeurs menant à une copie au rabais.

Suite au rejet de la proposition, la rapportrice a demandé un renvoi en commission Environnement pour reprendre les travaux. Cette demande a, elle aussi, été rejetée par la plénière sonnant le glas de ce texte ambitieux.

Ce texte aurait été une opportunité sans précédent pour réinventer notre modèle agricole en engageant une sortie des pesticides, et pour proposer une mesure concrète aux problèmes de santé publique posés par ces produits de la mort.

 

Pourquoi avons-nous voté contre le texte final ?

 

L’extrême droite et la droite en ont décidé autrement en affaiblissant considérablement le texte, si bien que celui-ci n’aurait jamais été appliqué, comme c’était le cas pour la première version du règlement qui date de 2009. Par exemple, la droite a refusé d’imposer une diminution plus forte pour les pesticides les plus dangereux (l’objectif proposé était de 65%). L’objectif de 50% de réduction est également devenu un objectif uniquement européen, les états-membres pouvant s’arranger entre eux avec un objectif minimum de 35% pour les états.

Sachant que le contrôle des objectifs par la Commission a aussi été supprimé, cela revient donc à créer des règles sans que l’on puisse vérifier si elles sont respectées. Les méthodes de financement envisagées dans le texte d’origine (notamment via la PAC) ont aussi été supprimées, si bien qu’il est impossible de dire comment les mesures auraient été financées. Ils ont également vidé de son sens le concept de “zones sensibles” qui peut être défini par chaque état comme bon lui semble, et celles-ci n’étaient plus du tout protégées.

Enfin, les mesures les plus importantes concernant l’IPM (ou “lutte intégrée contre les ravageurs”) ont été supprimées. La “lutte intégrée”, c’est le fait d’utiliser des pesticides chimiques en dernier recours, si toutes les mesures de prévention se sont avérées inefficaces. Cela permet de réduire drastiquement l’usage des pesticides, sans perte de rendement. Dans le texte d’origine, les agriculteurs et agricultrices devaient répertorier les mesures de “lutte intégrée” qu’ils mettaient en place sur leur ferme. Ce n’était plus le cas après les amendements de la droite. Pareillement, les “règles obligatoires” concernant la lutte intégrée ont été transformées en “lignes directrices”, de manière à s’assurer qu’elles ne soient jamais respectées.

Face à ce sabotage, les Verts n’avaient d’autre choix que de s’opposer au texte. Nous ne voulions pas permettre à la droite de faire sa campagne de greenwashing, basée sur un texte qui n’aurait jamais pu être appliqué.

 

Le vrai visage de la droite

 

Il faut que la population française et européenne se rende bien compte du vrai visage de la droite : le groupe PPE dans lequel siègent Les Républicains a essayé de supprimer toute entrave à l’épandage aérien, une pratique pourtant très dangereuse. Ils sont allés jusqu’à soumettre un amendement qui visait à supprimer purement et simplement l’avertissement obligatoire des citoyens qui vivent dans la zone où un épandage aérien est sur le point d’être effectué.

Je suis persuadé que si nos concitoyens étaient au courant de ces coups de canif visant à laisser les mains libres à l’agro-industrie, le paysage politique serait bien différent.

En coulant cette proposition, l’extrême-droite et la droite s’inscrivent dans le déni de la science. En effet, une lettre leur avait été adressée par plus de 3300 scientifiques européens en juin dernier, les implorant de voter ce règlement, tout comme la Loi Restauration de la Nature (qui elle aussi a été sévèrement affaiblie).

Couler cette proposition c’est aussi et surtout servir les intérêts privés plutôt que l’intérêt général. Le profit de la chimie ne peut enlever des vies, détruire des familles, notre air, notre eau et nos terres impunément, je continuerai de me battre !

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