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Biographie

Mon parcours, de la ferme de mes parents au Parlement européen

Depuis février 2020, j’exerce mon mandat d’eurodéputé au sein des commissions AGRI (agriculture), ECON (affaires économiques et monétaires) et IMCO (marché intérieur et protection des consommateurs). J’y dédie toute mon énergie à la poursuite de combats pour une alimentation de qualité qui respecte la planète et celles et ceux qui la fabriquent ; pour une économie réconciliée avec le vivant et la finitude du monde ; pour une Europe solidaire qui protège les plus fragiles ; pour le triomphe de l’intérêt collectif sur les intérêts privés bien trop puissants.

Objectivement, rien ne me prédestinait à être élu un jour. Né dans une ferme laitière savoyarde, plutôt réservé et peu enclin à me mettre en avant, c’est tout naturellement que j’ai suivi une filière, jusqu’à une formation de conseiller agricole. Pendant 15 années j’ai pratiqué ce métier passionnant en région Centre-Val De Loire, sillonnant le territoire en long et en large, conseillant des agriculteurs dans leur quotidien et les jeunes pour leur installation.

Jour après jour, j’ai soutenu toutes ces personnes dans le développement du modèle agricole productiviste et chimique, hérité de l’après-guerre. Ce chemin, parti pour être un long fleuve tranquille, a pourtant pris un tour inattendu.

Au fil du temps, j’ai pu mesurer sur le terrain les conséquences dramatiques de ce modèle agricole que je participais à perpétuer. Celui-ci poussait à l’extrême le surendettement, les pollutions, la standardisation de nos assiettes, la disparition de la biodiversité et cette désespérance paysanne poussant – dans le meilleur des cas – à l’exode rural et dans le pire aux suicides.

Venant percuter mes convictions et interroger le sens de mon travail, cette période de prise de conscience, à la fin des années 1970, m’a poussé à rejoindre un mouvement alors émergent, bénéfique pour l’environnement, la santé humaine et les emplois paysans : l’agriculture biologique.

À partir de là je suis passé de rouage d’un système bien huilé à consommateur militant. En structurant un groupement d’achat local, puis en intégrant le réseau coopérateur Biocoop dont j’ai fini par assurer la présidence de 2004 à 2019.

Sans entrer dans le détail de cette deuxième étape de ma vie professionnelle, j’en retiens ceci : en agissant localement les citoyen.ne.s ont le pouvoir d’accompagner et de faire émerger des nouveaux usages. En nous regroupant pour sécuriser des débouchés pour les paysan.ne.s bio de notre territoire, nous les avons aidés à se professionnaliser, à se développer et à se maintenir.

La transition écologique n’est pas un projet politique jupitérien venu d’en haut, mais au contraire une nécessité de généraliser les initiatives qui ont fait leurs preuves au niveau local. Quand les citoyen.ne.s s’impliquent dans des AMAP (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne), quand ils et elles demandent à leur maire d’approvisionner les cantines scolaires chez les paysans du coin, quand ils et elles vont au marché et achètent des produits de saison et bio, ils exercent de fait une influence politique sur la production.

Prendre la Présidence d’un réseau coopératif comme Biocoop, m’a permis, grâce à des équipes fantastiques, de contribuer à poser les bases d’un commerce équitable nord-sud et intra-européen loin du greenwashing de la grande distribution. Mais cette période m’a aussi montré les limites du cadre réglementaire actuel en France et dans l’Union européenne. Et c’est là que je suis passé d’entrepreneur militant à celui de candidat à une élection : la campagne des européennes de 2019, sur la liste des écologistes.

Une fois élu a commencé un autre travail : l’apprentissage de la mécanique des institutions ; la culture et les codes propres à l’Union européenne, au Parlement européen, au groupe parlementaire écologiste avec ses sensibilités nationales et politiques ; la mécanique législative européenne si complexe et longue… Il n’est pas facile pour un nouveau-venu de prendre la mesure d’un mandat politique. Encore moins en arrivant en cours de route et en période de crise et de confinement. Ce mandat, finalité d’un parcours finalement assez linéaire, est aussi une nouvelle école de patience et d’apprentissage des compromis au service d’un objectif partagé : la construction d’une maison commune européenne écologique et solidaire. Une expérience exigeante mais tellement plus facile à appréhender quand on sait d’où on vient et pourquoi on est là.

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