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Alors que l’Europe se convertit à la bio, la France essaie de tuer son marché et ses producteurs

Les Ministres de l’agriculture des 27 se sont accordés pour passer de 8,5 à 25% des surfaces agricoles européennes en bio d’ici 2030. On peut discuter du chiffre et de son ambition, cela représente néanmoins une véritable révolution qu’il convient de saluer. Une démarche qui se fera malgré la France, qui s’obstine à s’engluer toujours plus dans son modèle chimique et productiviste.

Ayant été désigné négociateur sur le plan d’action pour l’agriculture biologique par le groupe Verts/ALE au Parlement européen, j’ai déjà commencé à m’investir sur ce sujet et ai déjà fait part de mes remarques au Commissaire européen Janusz Wojciechowski chargé de coordonner cette feuille de route.
Aujourd’hui l’agriculture biologique est en pleine croissance. Elle est économiquement rentable, permet de nourrir sainement et aide à répondre aux défis environnementaux climatiques et de l’emploi sur tous les territoires. FAO, IDDRI, CNRS… les études se suivent pour confirmer que, malgré les éléments de langage des lobbies industriels, l’agroécologie et la bio peuvent nourrir l’Europe et le monde. À condition de repenser en parallèle nos régimes alimentaires beaucoup trop carnés.
Pour éviter d’avoir à importer une bio produite dans des pays tiers et dans des conditions sociales loin des standards européens, la production et l’organisation de filières doivent donc être davantage soutenues par la PAC qui n’y consacre actuellement que 1,8% de son budget.
Les annonces d’hier montrent que les États européens sont prêts à agir par leurs politiques nationales (nommées “plans stratégiques”) pour augmenter sensiblement les aides à ces filières et aux paysan·ne·s qui les alimentent. Mais alors qu’arrive le temps de passer aux actes, la France persiste, seule dans son coin et contre le sens de l’Histoire, à dépouiller la bio de ses aides, pour plaire à la FNSEA et aux industriels. Alors que ce secteur était déjà nettement moins aidé que l’agriculture industrielle, les baisses de subventions programmées sont de 66% pour les paysan·ne·s bio français qui s’estiment à juste titre “à poil”.
Pour notre gouvernement, demain, alors que l’Europe mangera bio, en France cela sera un produit de luxe importé depuis le reste de l’Union. Un projet qui s’accompagnera donc d’un plan social sans précédent dont seront victimes nos déjà trop rares producteurs.

 


En juin dernier j’étais notamment allé à Paris soutenir les paysan·ne·s bio inquiet·e·s de leur avenir

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