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Tribune / Manger mieux, manger local : un projet pour l’Europe !

Parmi les secteurs dont la crise a rebattu les cartes, celui de l’agroalimentaire est mûr pour faire sa révolution. Producteurs et décideurs s’accordent sur l’urgence de repenser nos modes de production et de consommation. Dans cette tribune publiée par Ouest France, j’esquisse avec Léonore Moncond’huy (Conseillère régionale écologiste Nouvelle Aquitaine) la voie qui permettra de passer des intentions aux actes en matière de souveraineté alimentaire européenne et territoriale.

C’est entendu, rien ne sera comme avant. Le futur de l’agriculture et des circuits alimentaires devra être orienté vers la souveraineté alimentaire territoriale. Aujourd’hui strictement agricole, la politique européenne en la matière doit dorénavant élargir son spectre et être pensée comme alimentaire et territoriale. C’est le sens que doit porter la nouvelle Politique Agricole Commune (la PAC).

La crise liée au Covid19 a mis à nu la vulnérabilité du système actuel, héritier de 30 années de mondialisation sans limite. Trop chimique, trop carbonée, trop globalisée, notre agriculture doit se réinventer pour répondre aux nouveaux défis du « monde d’après » et s’inscrire dans un système vertueux, sûr pour les consommateurs et respectueux des biens communs, de la justice sociale et des écosystèmes.

Produire local, nourrir juste

Loin du repli sur soi, relocaliser ne signifie pas couvrir à tout prix 100 % des besoins locaux. Cela signifie produire autant que possible localement, et susciter les échanges à distance raisonnable. Car les abricots pousseront encore longtemps dans le Roussillon, le Comté sera toujours produit dans le Jura, la Mozzarella en Italie, le saumon pêché en Atlantique Nord, etc. Cela nécessite donc surtout de repenser les échanges interterritoires, dans une logique de valorisation des spécialisations locales.

Cette réflexion va bien au-delà du sujet strictement agricole. Production, transformation, distribution, exigence de qualité… C’est à l’échelon européen comme à l’échelon régional que se joue ce nouveau modèle, en incluant en permanence les citoyens, qui doivent avoir leur mot à dire pour imaginer ces filières plus solidaires et durables.

Notre résilience alimentaire exige une Europe des régions forte

Au niveau de l’Union européenne, le changement ne se fera pas sans une révision en profondeur de la Politique Agricole Commune ainsi que sa politique commerciale aujourd’hui marquée du sceau des traités de libres-échanges comme le CETA ou avec le MERCOSUR. C’est ce qui garantira l’équilibre nécessaire à des échanges solidaires et protecteurs du climat.

Mais l’Europe seule ne pourra pas mener à bien cette tâche ambitieuse. Elle n’y arrivera que main dans la main avec les territoires qui la composent et dont les régions sont les meilleures porte-parole. Elles sont l’échelon auquel se gèrent la plupart des biens communs, comme les terres ou l’eau, mais aussi l’alimentation. Ces dernières années, ce sont les régions qui ont tenu le bio à bout de bras, alors que le secteur était abandonné en rase campagne par le gouvernement français.

Dans la PAC que nous appelons de nos vœux, les régions pourraient également bénéficier du renforcement financier des Plans Alimentaires Territoriaux qu’elles mènent avec les autres collectivités de leur territoire. C’est ce lien permanent entre « local » et PAC que nous devons inscrire désormais dans la loi, en lieu et place du « tout mondial » aujourd’hui roi, avec le lot de destruction que l’on sait.

En résumé, la relocalisation n’est pas l’autarcie et la souveraineté n’est pas le repli. Soutenir la relocalisation des systèmes alimentaires, permet d’agir pour le développement d’une économie plus sociale, plus solidaire et fondée sur des liens humains resserrés. En bref, un projet à l’image de l’idéal européen.

Retrouver la tribune sur le site de Ouest France.

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