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Crise de la bio : arrêtez les miettes, plus de bio dans nos assiettes !

Si l’inflation mine la bio, le « bio-bashing » de l’État « en marche » depuis des années porte, à présent, ses fruits. En 2022, les achats de produits bio ont dégringolé de 6,3% et les déconversions sont en légère hausse. Soutenir l’agriculture biologique est la seule solution pour entamer la transition agro-écologique, mais l’ancien monde reste aux manettes de ce gouvernement, les sirènes hurlent, les sourdes oreilles sont légion !

 

Une politique étatique agressive envers la bio

En décembre dernier, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a daigné octroyer une aide à hauteur de 750 000 euros destinée à l’Agence bio pour le déploiement d’une nouvelle campagne de communication. Une poussière face aux 30 millions d’euros annuels octroyés à la seule filière viande pour sa promotion. Et une mauvaise plaisanterie quand on sait que ce même gouvernement a supprimé l’aide au maintien à l’agriculture biologique en 2017, alors que dans le même temps, l’agriculture conventionnelle perçoit chaque année près de 14 milliards d’euros de soutien en provenance des budgets européen et national.

Ce traitement discriminatoire relève du paradoxe. Avec sa part de presque 10 % de la surface agricole utilisée (SAU) française et ses 53 300 fermes, la production biologique française n’occupe plus une position marginale. Elle connaît, depuis plusieurs années, une dynamique de développement et attire des jeunes entrants dans le métier d’agriculteur et d’agricultrice.

Or, en ces temps difficiles seul un expédient dérisoire de 166 euros pour chaque ferme bio a été annoncé, lundi, par la première ministre. Une offense aux services écosystémiques rendus par cette agriculture. Cette négligence du gouvernement mène à la hausse des déconversions de l’agriculture biologique vers l’agriculture conventionnelle.

Il est incohérent et dévastateur de continuer à perfuser l’agriculture conventionnelle dont le coût direct pour la société est faramineux ; pour rappel le coût annuel de la dépollution de l’eau potable liée à l’agriculture et à l’élevage industriel (nitrates et pesticides) serait supérieur à 54 milliards d’euros par an (rapport du CGDD), sans compter les coûts pour la biodiversité, le climat et la santé.

 

La communication du gouvernement aggrave la situation

Il est tout aussi critiquable que le gouvernement, avec le soutien et les instructions de la FNSEA, ait réussi à insinuer le doute dans l’esprit des consommateurs et consommatrices en soutenant l’émergence de labels-arnaques. Avec d’un côté, le label Zéro Résidu Pesticides (ZRP), reconnu par le ministère de l’Agriculture, qui sème la confusion sur les étals ; et de l’autre la Haute Valeur Environnementale (HVE) qui permet aux exploitations concernées de toucher des aides supplémentaires sans changer leurs pratiques et en y intégrant toujours des intrants dangereux pour la santé et l’environnement, comme le déplore l’office Français de la Biodiversité (rapport 2022). D’ailleurs sur cette question des pesticides de synthèse, contrairement à ses engagements pris, le gouvernement est toujours en défaut d’application de la directive européenne sur la réduction des pesticides, les chiffres officiels de 2021 montrent que le France consomme la même quantité de pesticides qu’en 2009.

La solution est pourtant sous nos yeux, l’agriculture biologique répond à un cahier des charges exigeant encadré par un règlement européen garantissant une préservation des ressources en eau, de l’air, des sols et de notre santé en bannissant les engrais et pesticides de synthèse, les OGM et en subissant des contrôles au moins une fois par an. Elle offre également des perspectives d’emploi et de revenus à des fermes à taille humaine, développant des circuits courts et de proximité permettant une relocalisation de l’agriculture et une amélioration notre souveraineté alimentaire.

Malgré cela le gouvernement met des œillères et ignore les multiples avantages de l’agriculture biologique pour la santé humaine, l’environnement, la vie des territoires et une meilleure nutrition, limitant l’ingestion de résidus de produits chimiques et réduisant les risques de surpoids, d’obésité et de cancer (étude BioNutriNet).

 

Il faut agir pour la bio !

Or, sans actes politiques forts, il n’y aura pas de transition et la France n’atteindra pas l’objectif qu’elle s’est donné de parvenir à 18% de ses terres agricoles en agriculture biologique en 2027. L’agriculture biologique a urgemment besoin d’un plan de relance afin de sortir de sa mauvaise passe actuelle, mais aussi de se renforcer et de mieux se structurer sur le moyen et long terme.

Les solutions existent, il suffirait d’avoir le courage politique de les mettre en oeuvre, en commençant par :

Agir sur la demande

    • Un budget de 30 millions d’euros en 2023 pour la communication sur les atouts de la consommation de produits biologiques et sur ce qu’est l’agriculture biologique.
    • Stimuler la consommation bio dans les cantines et les institutions publiques en respectant l’objectif des 20% de la loi EGALIM, (taux qui se situe aujourd’hui à seulement 6% alors que nous sommes à la moitié du programme).

Agir sur l’offre

    • Un soutien ambitieux pour les conversions et le maintien, indispensable à la couverture des risques
    • Obliger les SAFER à attribuer 25% des surfaces annuelles qui se libèrent à des installations en Bio
    • Structurer les filières territoriales et réguler les marchés
    • Augmenter le budget de la recherche et développement sur l’agriculture biologique

En pleine sécheresse hivernale historique, soutenir l’agriculture du futur, celle qui permettra la transition agro-écologique est une urgence, ce ne sont pas les mesurettes du gouvernement qui permettront de répondre à cette crise.

Pour défendre nos communs et notre agriculture biologique, mobilisons-nous.

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