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Tour de France de la Bio : Nantes et ses 21%

Visite du GAEC des Eglantiers, ferme laitière en bio à la Grigonnais, près de Nantes

L’agriculture biologique, et plus largement la filière bio vit une crise exceptionnelle. Diminution de la consommation, difficultés des paysan·ne·s, déconversions, déclassement des produits… Les difficultés sont multiples. Face à ce constat, je lance un Tour de France de la Bio pour rencontrer les acteurs et actrices de la filière. L’objectif est de mettre mon mandat à leur service pour écouter les témoignages, recueillir leurs idées. Ensemble, nous allons ainsi pouvoir soutenir la filière face à cette crise, et plus largement développer ce modèle de production, de transformation et de consommation, vertueux et désirable ! Retour sur la première étape autour de la bio à Nantes.

La semaine dernière, j’ai commencé mon tour de France de la Bio à Nantes. Choix fort de symbole, cette première étape en Loire Atlantique est emblématique : 21% de la surface agricole du département est en agriculture biologique !

J’ai pu échanger avec les acteurs·trices, visiter des fermes et des usines de transformation, discuter avec les militant·e·s… Ces 2 jours ont été riches en rencontres et en idées. Voici les éléments qui sont ressortis.

 

L’Etat complice de la crise de l’agriculture biologique

L’Etat est en partie responsable de la crise qui touche la bio. Si la consommation a baissé de 4% en moyenne, ce n’est pas à imputer seulement à l’inflation.

Tout d’abord, de nombreux labels trompent le consommateur. C’est le cas du trompeur « HVE » (Haute Valeur Environnementale) qui bénéficie des mêmes aides que l’agriculture biologique pour un bénéfice presque nul sur le plan environnemental et sur le plan social. Mais d’autres labels induisent le consommateur en erreur, c’est le cas de « 0 résidu de pesticides », « agriconfiance », « C’est qui le patron ? », « Lait d’ici ».

Une autre responsabilité de l’État se retrouve dans la non-application de la loi Egalim entrée en vigueur le 1er janvier 2022 et qui oblige les cantines scolaires à introduire au minimum 20% de produits bio dans leurs menus. Pourtant, dans les Pays de la Loire, la part du bio dans les cantines scolaires est seulement de 6%.

La communication de l’Etat sur les pesticides est absente : le danger qu’ils représentent ne sont pas assez mis en lumière et les bénéfices de l’agriculture biologique ne sont pas mis en avant alors qu’ils sont d’utilité publique, notamment sur le plan de l’eau, des sols et de la santé. Les acteurs et actrices rencontrés lors d’une table ronde à Nantes ont mis en avant le besoin d’informer les consommateurs et consommatrices de la réalité de leur assiette.

 

Des idées pour une filière bio développée

Les idées pour soutenir la filière biologique ne manquent pas. Ces échanges ont été l’occasion de les mettre en avant, de les partager et de discuter de leur mise en œuvre. Quelques-unes ont dominé le débat.

Face à la crise, il faut tout d’abord un véritable plan de soutien aux paysan·ne·s pour les aider à faire face aux aléas propres à tout type d’agriculture. Le plan de soutien pour la bio qui avait été annoncé par le ministre de l’Agriculture revient à donner 166 euros par ferme (enveloppe de 10 millions d’euros). Ce n’est même pas insuffisant, c’est carrément une insulte aux agriculteurs·trices  en bio. Même la Dotation Jeunes Agriculteurs (DJA), qui a pour but d’aider à l’installation, est très faible et ne présente aucune motivation sociétale ou économique à l’installation en bio. La France doit mettre en place des leviers afin d’inciter les jeunes agriculteurs et agricultrices à s’installer en agriculture biologique.

Aujourd’hui,  on est paradoxalement dans un système de “non pollueur-payeur”. Les non-pollueurs, c’est l’agriculture biologique, dont les “aides au maintien” ont été supprimées. C’est pourtant un modèle d’agriculture qui préserve la biodiversité, la qualité de l’eau, la santé des concitoyen·ne·s… Plutôt qu’ “aide au maintien”, on devrait d’ailleurs parler d’aides pour “services rendus à la collectivité”. Pour ces services, l’agriculture biologique devrait, comme c’est le cas en Suède, recevoir bien plus de subventions. Ce n’est pas le cas aujourd’hui : l’agriculture chimique bénéficie des mêmes aides alors qu’elle dégrade les sols, pollue les ressources et décime les pollinisateurs.

Enfin, la filière doit se structurer. Les paysan·ne·s ont des difficultés à acheminer leurs produits en circuits courts, et les cantines peinent à se fournir, souvent à cause d’obstacles purement logistiques. Une coopération entre les différents échelons de la filière doit permettre de recentrer l’alimentation sur le local et le durable !

Je remercie encore celles et ceux que j’ai rencontré·e·s. Votre engagement pour une alimentation saine pour chacune et chacun vous honore. Pour ma part, je continue ce tour de France de la bio et serais prochainement à Cahors pour rencontrer d’autres acteurs·trices de la bio !

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