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Pour un secteur de la construction moteur de la relocalisation et de la transition écologique

J’étais à Loches, près de Tours, afin de rencontrer plusieurs structures du secteur de l’éco- construction. Un déplacement important alors que va s’ouvrir bientôt la séquence de révision du règlement européen sur les matériaux de construction au Parlement européen.

Ce dossier doit permettre de recréer de la concurrence loyale entre les produits de l’Union européenne. Son objectif est de rendre impossible l’importation d’un produit pour l’écoconstruction qui n’a pas les mêmes qualités que nos produits français. Les deux produits, s’ils ont la même dénomination, devront être gage de la même qualité.

Les verts soutiennent le développement de filières d’écoconstruction relocalisées. C’est pour cela que nous échangeons aujourd’hui à Loches avec les acteurs qui font déjà cela. C’est un projet concret qui fonctionne à l’échelle de la communauté de commune du sud Touraine mais qui est aussi en train de se structurer à l’échelle de la Région avec Envirobat. Une bonne occasion de découvrir sur site une approche vertueuse à la fois pour l’environnement, le climat et l’emploi.

J’ai d’abord pu échanger avec Caroline GUILHOT, du cabinet d’architecte Rond comme un carré, qui utilise notamment la paille, un excellent isolant. Nous avons pu évoquer l’importance de l’implication de la maîtrise d’œuvre dans l’écoconstruction. Malheureusement, comme dans bien des secteurs, son activité est impactée par le prix du bois qui a augmenté de 30% à 50%. Elle a de grosses difficultés à se fournir. Dommage car la maison écologique et bioclimatique que j’ai visitée était remarquable (ossature bois, isolation paille). On devrait en voir bien plus.

J’ai aussi eu le plaisir de découvrir le travail de création de filière locale d’Ecoconstruction à Beaulieu-Lès-Loches, qui part du travail des agriculteurs pour construire avec eux les agro-matériaux de demain.

Julien BONSENS, chef de projet écoconstruction, a rappelé avec justesse que les êtres humains ont toujours construit leurs habitats avec des matériaux locaux, depuis 1 000 ans. Cela ne fait que 60 ans qu’on fait autrement. Parfois les solutions techniques d’avenir résident tout simplement dans le bon sens d’antan. Au législateur de trouver des pistes pour les valoriser aussi économiquement.

Emmanuel MAZODIER, chargé de mission chez Envirobat Centre, nous a quant à lui présenté la dynamique régionale qui s’est structurée autour de la Coalition MBS (Matériaux Bio-sourcés et Bâtiment) qui a notamment réalisé un état des lieux régional sur les filières biosourcées. Par exemple il déplore qu’aujourd’hui nous ne soyons pas capables de répondre massivement aux enjeux de la rénovation thermique des bâtiments avec des matériaux biosourcés tant les filières d’éco-construction locales ne sont pas suffisamment développées, notamment sur le chanvre qui présente de nombreux intérêts pour la rénovation de notre patrimoine régional. Concernant la filière bois régionale, même si celle-ci est relativement bien structurée, elle manque de transformateurs.

Eco-construire, sourcer plus localement les produits de construction c’est aussi réduire la dépendance aux importations et aux produits voués à devenir rares et chers avec le temps (verre, béton…).

Au nom du groupe Verts/ALE j’avais travaillé sur le texte de positionnement du Parlement européen sur la révision à venir du règlement européen sur les matériaux de construction. J’avais défendu à cette occasion de nombreux points permettant de stimuler la durabilité du secteur et les initiatives comme celles que j’ai découvertes aujourd’hui.

Le secteur de la construction est souvent la locomotive de nos économies. C’est pourquoi il est plus que temps de faire de ce levier un atout pour le social, le climat et l’environnement.

Nous sommes actuellement en attente du texte de la Commission européenne qui servira de base de négociation. Espérons qu’il intégrera déjà certaines des propositions faites par le Parlement européen en mars 2021. Seul un règlement ambitieux permettra aux démarches comme celles qui m’ont été présentées aujourd’hui de se pérenniser et surtout d’essaimer dans toute l’Europe.

Quelques exemples de matériaux bio-sourcés

 

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