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Dérégulation financière : ne reculons pas face aux prédateurs qui essaient de profiter de la crise

Face caméra les dirigeants européens n’ont que le bien commun à la bouche mais en coulisses ils s’apprêtent à régaler une fois de plus la spéculation financière au mépris des citoyens européens. C’est pourquoi, avec mes collègues Karima Delli et Damien Carême nous avons écrit au Ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire afin que la France défende l’intérêt général et non les banques et la spéculation.

 

Alors que l’Union européen traverse une crise sociale et sanitaire sans précédent, l’industrie de la finance fait pression avec succès pour abattre les garde-fous mis en place après la catastrophe financière de 2008. Leur avidité sans fin n’a d’égal que la lâcheté des dirigeants qui les servent docilement et nous mènent dans le mur. Comme souvent tout cela se passe en procédure accélérée et sans véritable débat démocratique. De mauvaise augure alors que la crise a déjà coûté plus de 1600 milliards à l’UE.

Après avoir sauvé l’industrie financière au frais des contribuables en 2008, l’UE a déjà déversé des centaines de milliards sans la moindre condition pour maintenir le secteur financier lors de la première vague. Mais la finance ultralibérale ne connaît pas la décence et encore moins la notion de bien commun. Elle n’est jamais rassasiée. C’est pourquoi, avec la complicité de la Commission européenne et de nos dirigeants, elle s’apprête à obtenir un affaiblissement des règles limitant la spéculation financière, mises en place précisément pour éviter une nouvelle crise majeure.

Deux textes en cours de révision sont particulièrement dangereux pour nos économies et nos démocraties.

1/ Le règlement régissant les règles relatives aux exigences de fonds propres dans le secteur bancaire (CRR) pour lequel :

  • La Commission propose d’encourager les formes les plus risquées de « titrisation », technique financière pourtant à l’origine de la crise de 2008.
  • Ces mesures viennent s’ajouter au soutien monétaire déjà apporté aux banques par la Banque Centrale Européenne (BCE) et au bouclier fourni par les États membres sous forme de garantie de prêts.
  • Aucune contrepartie n’est exigée et toute exigence de prêts à destination de l’économie réelle est passée à la trappe.
  • Les banques pourraient se débarrasser plus facilement de leurs prêts douteux en les vendant sous la forme de titres financiers à des investisseurs en quête de rendements élevés.
  • Une très mauvaise idée alors que le coronavirus entraîne justement actuellement une hausse de ces prêts détenus par les banques, en raison des difficultés de remboursement de leurs clients.

2/ La révision de la directive régissant les marchés financiers (MiFID II) :

  •  Cette réglementation, mise en place depuis la crise financière de 2008, permettait de limiter la spéculation sur les produits financiers (produits dérivés) basés sur les matières premières, tels que les denrées alimentaires et l’énergie.
  • Certes, les denrées agricoles sont pour l’heure exclues du champ d’application de ces nouvelles dispositions, mais la spéculation sur les prix de l’énergie a une forte incidence sur ceux des denrées alimentaires.

Quand les citoyens devront éponger une nouvelle fois les dommages causés par la folie de la finance incontrôlée et de ses apôtres, il ne faudra pas accuser la fatalité mais bien l’irresponsabilité de certains élus.

 

Notre courrier à Bruno Le Maire en pdf.

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