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Polluante et ruineuse : après 60 ans, une Politique Agricole Commune bien loin de ses objectifs initiaux !

Aujourd’hui le Parlement européen célèbre les 60 ans de la PAC. L’occasion de tirer le bilan de l’usage fait de plus du tiers du budget européen et de mesurer à quel point elle s’est éloignée de ses objectifs initiaux.

Objectif 1 : accroître la productivité de l’agriculture 

Objectif atteint dès la fin des années 70, et même largement dépassé grâce à la mécanisation et la chimie. Mais aujourd’hui on subit les conséquences de ces modes de production ultra-intensifs en terme climatique, environnemental et de dépendance aux exportations et aux importations d’intrants chimiques.

Objectif 2 : assurer un niveau de vie équitable à la population agricole 

Là aussi la promesse initiale a été tenue avec une nette amélioration dans les premières décennies des conditions de vie des paysans. Mais l’industrialisation à outrance et la financiarisation ont engendré un système qui pousse au toujours plus (de taille d’exploitations, d’endettement, de chimie, de financiarisation…), source de stress et d’insécurité économique depuis les années 90 et d’un plan social massif dans le monde agricole et d’une chute de niveau de vie des producteurs

Objectif 3 : stabiliser les marchés 

Après des années de gestion à peu près équilibrée, les marchés ont été libéralisé en 1992 et les produits agricoles sont devenus des objets de spéculation lambda, soumis aux stratégies d’acteurs peu motivés par le bien commun : fonds de pension, banques, multinationales, bourses… les prix actuellement très élevés des denrées alimentaires ont autant à voir avec la guerre en Ukraine qu’avec cette libéralisation et la spéculation boursière.

Objectif 4 : garantir la sécurité des approvisionnements 

L’industrialisation de l’agriculture européenne et même mondiale a engendré à la fois la spécialisation des territoires sur certaines cultures et la dépendance aux intrants de synthèse (engrais, pesticides…) fabriqués à base d’hydrocarbures que l’on ne trouve pas dans l’UE. Ces deux paramètres font que l’agriculture européenne est fortement dépendante d’importations extra-communautaires diverses (matériel, gaz russe, soja brésilien, etc.) qui sont une menace constante sur notre souveraineté. Enfin, les accords commerciaux de l’OMC et de l’UE sont venus annuler la souveraineté alimentaire voulue il y a 60 ans.

Objectif 5 : assurer des prix raisonnables aux consommateurs

Objectif atteint : de 35% du budget des ménages, la part alimentaire est tombée à 16% (chiffres INSEE pour 1960 et 2016), en contrepartie d’une abyssale baisse de la qualité, d’une malbouffe mondiale qui a fait passer la population de 0 à 30% de taux d’obésité (dont 15% chez les moins de 15 ans) et de maladies cardiovasculaires, de diabète, etc. qui engendrent des taux de mortalité dus à ces maladies jamais atteints auparavant.

De plus, pour accéder à une nourriture accessible, le choix de la production de masse permise par la chimie fait que les coûts cachés des aliments sont plus importants que jamais. Les externalités négatives du système (pollution, perte de biodiversité, maladies dues à l’environnement, etc.) sont prises en compte par la collectivité via les impôts, faisant qu’une nourriture en apparence abordable ne l’en en fait pas tant que cela. Aujourd’hui, la dépendance aux importations et la spéculation font monter les prix sans que l’UE ne puisse agir.

Ces critiques, les écologistes les portent depuis longtemps. C’est pourquoi nous nous étions battus contre le projet de réforme de la PAC récemment adopté et qui ne faisait rien pour gommer les problèmes.

Pour aller plus loin sur ce sujet, je vous invite à regarder l’excellent documentaire de Cash Investigation “Agriculture : où sont passés les milliards de l’Europe ?” et qui donne un état des lieux assez en phase avec nos critiques.

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