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(Ré)concilier enfin écologie et économie !

À l’invitation de Jeanne Barseghian, Maire écologiste de Strasbourg et de Pia Imbs, Présidente de l’Eurométropole, j’ai lancé un appel au monde économique strasbourgeois et alsacien afin qu’il prenne à bras le corps l’enjeu écologique pour en faire une opportunité économique. Un moment important pour moi qui défends cette vision depuis plus de 40 ans.

 

Ci-dessous la partie spécifiquement économique du discours, prononcé à l’occasion de l’inauguration de la Foire européenne de Strasbourg, moment traditionnel des annonces en terme de gouvernance économique pour l’année à venir des dirigeant·e·s de la ville et de la métropole et dont j’étais l’invité d’honneur.

 

Si je suis ici aujourd’hui, c’est pour partager deux messages avec vous :

Le premier, et il suffit de regarder autour de soi, de s’informer, c’est l’urgence absolue d’opérer un changement de modèle économique.
Le mot transition est devenu faible quand on prend conscience des dégâts irréversibles sur notre environnement, causés par le productivisme et la croissance à tout prix.
Catastrophes climatiques, 6e extinction massive des espèces sur terre. Disparition de 60% des animaux sauvages en 40 ans. Sans parler des insectes, des oiseaux et – moins connu – de la vie dans nos sols, une véritable bombe à retardement pour l’agriculture et l’alimentation.
La pandémie que nous traversons doit nous faire réfléchir : le mot transition est devenu trop faible, c’est de MUTATION dont il s’agit maintenant face à l’urgence à agir.

 

Les patron·ne·s aussi ont compris que le monde devait changer pour enrayer la catastrophe à venir

 

Mais, après ce tableau très sombre, mon deuxième message est un message d’espoir.
C’est qu’on peut encore agir. Si on écoute les scientifiques, nous avons une petite dizaine d’années pour opérer un changement radical. Vers une économie décarbonée, plus localisée, plus sobre en matières premières, basée sur des comportements moins voraces, moins énergivores, conditionnée à plus d’entraide et une meilleure prise en compte du social ici mais aussi ailleurs sur la planète. Plus écologique en somme.

Je dis cela mais je ne suis pas seul. Le confinement a accéléré la prise de conscience citoyenne et le résultat des élections municipales en est d’ailleurs la conséquence.

Mais ces constats ne sont pas uniquement le fait de doux rêveurs. Les patron·ne·s aussi ont compris que le monde devait changer pour enrayer la catastrophe à venir. Quand le Medef envoie au gouvernement une demande de moratoire sur plusieurs dispositifs environnementaux, leur courrier n’a pas fuité par de dangereux·euses activistes mais bien par des patron·ne·s qui se désolidarisent de cette démarche et font leurs le combat pour une économie réconciliée avec l’écologie.

 

Ce constat je le porte au niveau personnel depuis plus de 40 ans !

(description de mon parcours personnel, de la ferme où je suis né jusqu’à l’engagement politique en passant par l’aventure de la distribution de l’alimentation bio et de la présidence de Biocoop pendant 15 ans)

Mais au-delà du sujet agricole et alimentaire, au Parlement européen je porte aussi le combat pour mettre les PME/TPE au cœur de la transition car ce sont elles les vraies créatrices d’emplois et d’innovations. Il faut en finir avec ce modèle financiarisé qui n’en a que pour les multinationales qui ne vous voient que comme des vassaux. Si finance il y a, elle doit pouvoir s’inscrire dans le long terme, pour permettre l’émergence de nouveaux modèles, pas pour enrichir une minorité en période de crise. Ce point précis, essentiel, est de notre responsabilité à nous les politiques. Mais c’est à vous, entrepreneurs·euses, d’en faire entendre le besoin d’une voix forte !

 

Je porte aussi le combat pour mettre les PME/TPE au cœur de la transition

 

« Rien n’arrête une idée dont le temps est venu » aurait dit Victor Hugo.

Cette idée d’une économie non plus prédatrice mais au service de l’humain, de la planète et du vivant est mûre. Votre région, l’Alsace, porte d’ailleurs historiquement en elle deux piliers essentiels à cette révolution dont je parle : fiers de leur région et de leurs terroirs les Alsacien·ne·s ont souvent prouvé leur attention environnementale et l’héritage de l’humanisme rhénan pave le chemin du travail coopératif. Votre région a dans ses gènes l’expérimentation et l’excellence. Elle peut d’ailleurs s’appuyer sur une université de très haut niveau et la proximité avec l’Allemagne.

Elle peut aussi se vanter d’être un territoire qui compte de nombreux précurseur·e·s et réussites notables en matière d’économie écologique. Dans l’économie sociale et solidaire par exemple avec le réseau de recycleries Envie ou la Scop Quonex, anciennement Alsatel, reprise en main par ses salarié·e·s ; dans les mobilités avec le réseau d’autopartage Citiz, l’explosion actuelle de l’économie du vélo ou encore les bus électriques conçus par Alstom à Reichshoffen.

Vos institutions aussi se mettent en ordre de bataille. On peut citer la démarche Alsace excellence, votre CCI qui, parait-il, est en train d’intégrer l’anticipation du risque climatique dans ses outils, le Port Autonome de Strasbourg qui pousse des projets d’écologie industrielle. Qui sait ici que la première TPE certifiée ISO 26000 en France l’a été en Alsace avec l’aide d’Initiatives Durables, anciennement Idées Alsace ?

Vous le voyez, Strasbourg et l’Alsace sont un terreau fertile qui n’attend plus que votre créativité et votre énergie d’entreprendre. Et je sais qu’ici vous n’en manquez pas.

Libérez l’intelligence collective dans vos entreprises, faites plus de place aux femmes, aux jeunes, à la différence… laissez s’exprimer les envies, les attentes, les motivations… et intégrez vos salarié·e·s dans la gouvernance. Faites-en des partenaires, pourquoi pas des associé·e·s. C’est avec ce premier cercle de coopération que se bâtiront les succès entrepreneuriaux de demain.

Mon expérience, partie d’un constat agricole localisé, vous pouvez aussi la faire vivre sur votre territoire dans de nombreux domaines. Soyez courageux·euses, écoutez vos tripes pour que la nouvelle économie montre un visage de durabilité, de respect des liens sociétaux, d’intégration de toutes les parties prenantes du territoire, d’un environnement réhabilité, d’une biodiversité vitale respectée, d’une espèce Humaine qui ne domine plus la nature et le sauvage parce qu’elle en a peur mais qui vit avec la Nature parce qu’elle la connait.

 

Il y a urgence absolue à réaliser cette fusion entre impératif écologique et logique entrepreneuriale.

 

Pour finir, j’aimerais que vous repartiez d’ici avec ces deux convictions ancrées au corps.

D’une part qu’il y a urgence absolue à réaliser cette fusion entre impératif écologique et logique entrepreneuriale. Mais surtout que cette urgence est riche d’opportunités, d’innovations, de créations de nouveaux champs économiques qu’on n’imaginait pas encore il y a peu d’années. On parle de disparition du moteur thermique sur les voitures au bénéfice de l’électrique ou de l’hydrogène, on parle d’aéronautique plus sobre et plus propre, on parle de la rénovation énergétique des bâtiments que l’Europe et le gouvernement encouragent dans leurs plans de relance, on parle de recyclage et d’économie circulaire… Sachez écouter les attentes des citoyens et citoyennes comme quand ils exigent la relocalisation alimentaire, la qualité, la bio, qui doit transformer le paysage agricole et agroalimentaire des territoires dans la décennie à venir.

Les pages de cette nouvelle économie, c’est vous entrepreneurs·euses qui allez les écrire avec votre savoir-faire et nous les élu·e·s en vous soutenant financièrement, fiscalement, par de la formation, de l’innovation de la commande publique.

L’heure est bien celle de passer à l’action et la société civile nous le demande notamment à travers ses votes !

Allons-y !

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